Les Rythmes scolaires – Délibération 275/2013

Il s’agit aujourd’hui de se prononcer sur le dispositif péri scolaire.

Je ne reviendrai pas sur tous les éléments du débat sur les rythmes scolaires pour m’attarder sur quelques questions sensibles.

D’abord la méthode.
C’est un dossier qui touche à la vie quotidienne de beaucoup de Roubaisiennes et de Roubaisiens, qui concerne la réussite scolaire des enfants et donc leur avenir, qui mobilise beaucoup d’acteurs et qui est complexe – pour toutes ces raisons d’abord – et aussi parce que sur bien des points, la solution retenue ne peut être qu’un compromis entre bonnes et mauvaises raisons.
Et compromis suppose pour que cela fonctionne, assimilation par les acteurs qui sont nombreux et divers.
Il eut donc été logique d’avoir une démarche ouverte dés le début et de procéder par étapes afin que ces étapes puissent être digérées les unes après les autres.
Constatons que ce n’est pas le choix qui a été fait et que cela n’est pas sans conséquence.
Nous examinons aujourd’hui le péri scolaire mais quelle est la part des parents et autres acteurs qui a effectivement digéré 8 h 15, 15 h 15 et le mercredi matin ?
Constatons cependant et également que suite à la mobilisation de parents, aux réactions d’agents communaux et à nos propre interpellations au dernier conseil, des efforts ont été faits dans l’information et la transparence, des promesses ont été faites pour le suivi.
Dont acte, donc.

Ensuite, la gratuité.
Après un certain flottement, la neutralité financière est acquise, au sens où cela ne coûtera rien de plus à ceux qui payaient quelque chose et rien aux autres.
Dont acte.
Puis, la qualité des activités proposées.
Un effort est affirmé : des embauches et un renforcement de l’encadrement, une exigence de qualification, la mobilisation des associations, un effort financier.
Nous n’avons bien sur à ce jour aucune garantie, et personne ne peut l’avoir, que la qualité sera effectivement au rendez vous, d’autant plus qu’elle dépendra beaucoup de l’organisation.
Il y aura donc matière à beaucoup de vigilance.
Certains sont sceptiques suite aux dysfonctionnements qu’ils peuvent constater dans le périmètre actuel.
Bien d’autres s’interrogent sur la possibilité de construire en si peu de temps un dispositif de qualité.
Mais encore une fois, dont acte, sous réserve de vigilance.

Alors, ce péri scolaire, pour qui, pour quoi ?
Il y a 2 manières de répondre à la question.
La première comme réponse à un besoin quantitatif de garde.
Résumons.
Il y a 10 000 élèves à Roubaix. Selon l’enquête, et avec toutes les réserves sur la précision de ce genre d’enquête, les parents expriment un besoin pour 5 000 minimum.
La ville mets en place un club hebdomadaire pour tous, soit 2 500 par jour, 1 000 accueils de loisirs et le péri scolaire existant, environ 500, a vocation à perdurer en s’adaptant.
Bilan arithmétique journalier : besoin exprimé 5 000 minimum, offre 4 000, manque 1 000.
Déjà, ça coince.
Mais les parents ont exprimé un besoin de 5 000 pour les 4 jours. 1 500 seront satisfaits tous les jours, par accueil de loisir ou péri scolaire traditionnel, les autres le seront une fois par semaine par un club. Que feront ils les 3 autres jours. ?
Ça coince encore plus.
D’où sélection, d’où dossier, gestion administrative, critères et justificatifs.
Les éléments de langage ont évolué : ce n’est plus la priorité à l’activité professionnelle, c’est la priorité aux besoins des parents.
Dans les faits, personne ne se berce d’illusion et bonjour les problèmes d’intendance pour les besoins non permanents, irréguliers ou ponctuels.
La seconde réponse, c’est de mesurer la pertinence du dispositif par rapport à l’objectif de réussite éducative et là est le cœur du problème.
C’est entre parenthèses pour cela que la ville a justifié l’urgence, il y a péril en la demeure car il faut réparer les dégâts de la politique Sarkozy.
Dans ce cas, il faut réintégrer dans le calcul les parents qui n’expriment pas spontanément un besoin de garde car ils n’ont pas forcément une solution dont la qualité est au moins équivalente à celle qu’auront les clubs et les accueils de loisir.
Ceux là, évidemment, personne n’ira les chercher puisque le problème principal sera de procéder à une sélection dans la demande.
Je vais citer les propos d’une Inspectrice de l’Education Nationale reproduits dans le bulletin « Education Plurielle ».
« La classe et les activités périscolaires nourriront les enfants d’expériences enrichissantes et équilibrées qui les rendront moins avides de télévision et de jeux vidéo le soir, plus disponibles pour aller se coucher. »
Résumons encore une fois.
1 500 enfants soit 15 % vont bénéficier du service complet, un club ou un accueil de loisir ou un péri scolaire traditionnel chaque jour.
85 % soit 8 500 bénéficieront d’un club 1 fois par semaine.
15 % s’endormiront dans la sérénité 4 jours par semaine et 85 % 1 jour par semaine.
Nous ne sommes pas devant un dispositif universel mais devant un dispositif inégalitaire et sélectif, alors que ce qui marche réellement en matière de réussite éducative, c’est l’accompagnement collectif pour garder ou récréer une cohésion, ce n’est pas la sélection.
Enfin, il faut bien dire quelques mots sur le financement.
Non pas pour critiquer la volonté politique de la municipalité de mettre ce qu’il faut sur la réussite éducative, nous partageons cette volonté et nous tenons à l’affirmer, mais sur l’attitude de l’Etat.
Dans cette histoire, l’Etat crée dans les faits sinon dans le droit, une quasi obligation péri scolaire à la charge des collectivités, sans assurance de financement pérenne, alors même qu’il va demander des efforts financiers à ces collectivités, efforts qui vont bien finir par impacter Roubaix, même si la DSU nous sauve la mise pour l’instant.
Cela est quand même assez cavalier de la part de ce gouvernement.
Au final, nous avons, avec toutes les bonnes intentions du monde, un dispositif inégalitaire et un problème de financement sur la durée.
C’est avec un profond regret que nous voterons contre cette délibération.
Christian CARLIER
27 juin 2013